mercredi 29 janvier 2014

An island on fire.

Je suis toujours surprise de la quiétude de cet endroit. 
C'est apaisant de vivre ici.
...
[Sauf que...]
...
Hier après-midi, rien d'autre à faire qu'un peu de rangement dans la cuisine, alors je prend mon temps, c'est tellement calme, on entend le vent souffler dehors... et puis soudainement la porte s'ouvre.

Un des autres volontaires entre dans la maison avec deux seaux plein d'eau, en renverse par terre dans la précipitation, m'en tend deux vides et dit "Gwen ! Could you fill those two buckets with water?", et repart aussitôt. Cinq minutes plus tard il est de retour et prend les seaux remplis "There is a fire ! where are the other people ?". Il appelle les garde-côtes, je vais chercher l'autre volontaire qui s'en va avec de l'eau, réapparait un peu choquée parce que "Wow... it's big...", je remplis les seaux au fur et à mesure qu'ils me reviennent vides, je reste dans la cuisine, près du téléphone et de l'évier, [pendant une demi heure je lutte contre une crise de tachycardie parce que tant qu'à faire, pourquoi ne pas compliquer encore les choses avec un pouls à plus de 160 ?], ils sont trois à faire des aller-retour et une autre reste près du feu, je vais chercher des couvertures en laine parce qu'ils veulent faire un barrage avec, je sors, il y a une épaisse fumée, une lueur orange de l'autre côté de la colline... ça brûle... ça brûle partout, le vent souffle et propage le feu sur l'herbe sèche, il n'a pas plu depuis trop longtemps, ça s'étend, les seaux d'eau sont devenus inutiles, on ne peut plus éteindre les flammes, il n'y a plus grand chose à faire... juste attendre et surveiller... Les garde-côtes envoient un bateau, ils disent "in case it become dangerous and you have to leave" (parce qu'en plus on n'a pas de bateau ce jour-là, évidemment...). La maison en ciment ne craint pas grand chose, le vent souffle dans le bon sens et le feu reste derrière la colline. Alors on reste dans la maison. Mais le bateau arrive et quelqu'un dit "Take your important stuff, we go to the mainland". Pas de discussion possible, ils nous emmènent sur le continent et ne veulent rien entendre. On est secourus alors qu'il n'y a pas d'urgence, on monte sur le bateau et on quitte l'île, je la regarde brûler derrière nous et la distance rend le feu encore plus impressionnant... On est tous restés si calme, ça semble irréel. Et puis j’entends "Oh ! Northern light !"... une aurore boréale danse juste au dessus des flammes.


 
 
[...]


La nuit n'a pas arrêté les flammes. 
Ce matin c'était visible depuis le continent, l'île s'embrasait toujours.
 
 


Mais l'incendie s'était déplacé, alors on est repartis quand même... à six dans le zodiac secoué par les vagues, la mer fouettait mon visage et l'île apparaissait de plus en plus noire. Brûlée. Le feu s'est étendu partout et de la fumée s'élevait encore. On est descendus abasourdis de voir les alentours de la maison restés intacts, alors que tout le reste avait été ravagé.
 
 


Et maintenant ?
Rien.
De ce que j'ai pu en voir, le feu a fini par s'éteindre (au bout d'un moment y a plus rien à brûler de toute façon).
La vie peut reprendre son court normal.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh bien, que d'aventure. Heureusement qu'il n'y a pas d'arbre sur cette île. La nature sen remettra vite. C'est même bon pour elle. Ton blog fait rêver...et me donne même des idées...le Spitzberg, l' Islande,...envie d'aller sur la route et de me lancer une fois pour toute avant qu'il ne soit trop tard...bon vent a toi et continue a nous mettre des paillettes dans les yeux miss...ya pas de mot pour décrire ce que tu vis. Des bisous. Céline

Gwen a dit…

Merci beaucoup ! Savoir que ça peut donner envie à d'autres d'explorer le monde est la meilleure motivation que je puisse avoir pour ce blog.
Effectivement l'île s'en remettra bien vite, aucun dégât matériel, il ne reste qu'une histoire à raconter...

Enregistrer un commentaire