One summer in Iceland... Ça sonnait bien dans ma tête.
Envie de voyager, on dit toujours que c'est maintenant où jamais, que tant qu'il n'y a rien qui nous retient il faut en profiter ; alors c'était décidé j'allais partir. Trois mois. Du 23 mai au 23 août, trois mois exactement, pour parcourir l'Islande. Seule. Tout un été. On m'a demandé pourquoi et je ne pouvais que répondre pourquoi pas...
Envie de voyager, on dit toujours que c'est maintenant où jamais, que tant qu'il n'y a rien qui nous retient il faut en profiter ; alors c'était décidé j'allais partir. Trois mois. Du 23 mai au 23 août, trois mois exactement, pour parcourir l'Islande. Seule. Tout un été. On m'a demandé pourquoi et je ne pouvais que répondre pourquoi pas...
[Extraits de carnets de route]
Centre-ville de Borgarnes. Une dame m'indique la route pour Snæfellsnes, je marche un peu, et puis il faut commencer à faire du stop... Une première voiture arrive, elle s'arrête ! Une mère et sa fille qui vont au nord de la péninsule de Snæfellsnes ; je voulais aller au sud mais après tout je n'ai aucun impératif. Elle me montre des choses sur la route, me raconte son pays, s'arrête à une pharmacie et me laisse dans la voiture avec la clef sur le contact ; puis me dit que sa belle-soeur peut m'emmener au sud un peu plus tard, m'invite chez elle en attendant et m'offre un café, me conduit chez la belle-soeur en question et c'est le mari qui m'emmènera jusqu'à Arnarstapi, mon but initial. Wouah... sourire jusqu'aux oreilles.
26 mai.
Leçon n°1 : toujours planter la tente en hauteur (pour éviter de se retrouver dans une flaque après une nuit pluvieuse). // Leçon n°2 : utiliser une couverture de survie pour dormir n'est pas forcément une bonne idée (ça isole, c'est le but, mais ça veut dire que la transpiration reste à l'intérieur... et le matin on se retrouve avec un sac de couchage humide). // Constatation n°1 : je ne me plaindrais plus jamais du vent en France. // Constatation n°2 : ni de la pluie (mais je crois que je n'ai pas encore vu le pire à ce niveau). // Constatation n°3 : faire du stop en pleine tempête aide à se faire emmener où on veut.
29 mai.
Leçon n°3 : se méfier du soleil après la tempête et toujours penser à la crème solaire (même en Islande, oui). // Leçon n°4 : se faire conduire dans des endroits touristiques au bout d'impasses c'est bien, mais l'attente peut être longue pour le retour. // Leçon n°5 : marcher dans un champs de lave n'est pas une bonne idée. // Constatation n°4 : les Islandais aiment faire découvrir leur pays. // Constatation n°5 : une semaine = 4GB de photos & vidéos...
5 juin.
Leçon n°7 : faire du stop dans les westfjords peut être pénible. Il n'y a globalement qu'une route, qui en fait le tour, et pas beaucoup de circulation... donc beaucoup d'attente. // Leçon n°8 : on peut bronzer en Islande, mais aussi voir de la grêle en juin et avoir -1° la nuit. // Constatation n°9 : il n'y a pas de silence en Islande, il y a toujours le vent et/ou les oiseaux, et/ou l'eau qui remplissent les oreilles.
Et demain, je sais pas encore où je vais...
Et demain, je sais pas encore où je vais...
15 juin.
Leçon n°9 : laisser place à l'imprévu. (se faire héberger chez un espagnol à Reykjavik, partir faire du stop à deux, camping sauvage à Hveragerði, se baigner là-bas dans une rivière avec eau à 42°, refaire du stop à deux jusque Flúðir, se baigner dans un bassin naturel à 38° et y rester des heures, y rencontrer un néo-zélandais qui propose de revenir me chercher le lendemain pour traverser les highlands en jeep, camping sauvage au bord du bassin, le lendemain passer la journée sur le Kjölur, une route désertique et magnifique entre deux glaciers, arriver à Mývatn, camping, refaire un bout de chemin avec le néo-zélandais et monter dans des cratères, marcher dans des zones géothermiques, se croire dans un autre monde, passer encore une nuit à Mývatn et le lendemain louer un vélo pour faire le tour du lac, en 5h... une pause, et puis je repars.)
20 juin.
Un mois déjà... C'est passé tellement vite, et j'ai l'impression que les seuls moments à retenir sont ceux que j'ai partagés.
21 juin.
Tout ça n'a aucun sens. Je n'ai envie d'aller nulle part, je n'ai envie de rien voir, de rien faire. Ça n'a aucun intérêt de faire ça seule. Ça en aurait si je n'avais pris que deux semaines de vacances, mais puisque je suis là trois mois et que je prends mon temps pour voyager... ça me coupe toute envie d'avancer, sans personne avec qui partager.
22 juin.
Trois jours que je suis à Húsavík. 30°C devant la tente, le soleil a eu raison de moi et je n'ai pas encore trouvé le courage de reprendre la route.
24 juin.
(Re)Partir.
Remettre le sac sur le dos, retourner lever le pouce, reprendre la route.
Húsavík (stop) Mývatn (stop) Egilsstaðir (stop) Hengifoss avec un groupe de jeunes bénévoles étrangers en minivan, quelques heures avec eux, changement de plan, repartir avec eux au nord (stop) Mývatn avec trois Slovaques, passer la soirée avec eux à boire de la bière et du brennivín (stop) Akureyri (stop) un croisement au milieu de nulle part (stop) Hvammstangi avec deux Canadiens adorables qui ont fait demi-tour pour m'embarquer, qui finissent un tour du monde avec leur fille de 7 mois (stop) Akranes (stop) Reykjavik.
Retrouver le plaisir du voyage.
(Re)Sourire.
27 juin.
J'ai loué une voiture avec un Italien, on prend la route du sud. Le Golden Circle, Þingvellir, Strokkur et Gulfoss, les paysages défilent. Seljalandsfoss, une cascade dont on peut faire le tour et marcher derrière... encore mieux en fin de journée, quand les cars de touristes ne sont plus là et que le soleil de minuit ajoute ses couleurs si particulières. Fjallsárlón et Jökulsárlón, les lacs glaciaires parsemés d'icebergs bleus, grisés par des couches de cendre incrustées à chaque éruption volcanique. J'inverse les rôles, on prend des autostoppeurs, hier on a fini la journée avec deux Tchèques. Faire un barbecue, discuter beaucoup, et rire, et ne pas se rendre compte du temps qui passe parce que le soleil ne se couche jamais vraiment.
2 juillet.
Morgane m'a rejoint pour deux semaines, on fait le tour complet de l'Islande en stop sur la route 1. Ça fait bizarre, un peu, de voir une amie ici. Mais ça fait surtout tellement plaisir ! On passe par des endroits que j'ai déjà vus, ils ne sont plus les mêmes avec elle. Il y a deux jours on était à Mývatn, un bout de chemin avec l'Italien recroisé par hasard. Ce soir on a planté la tente au bord du Fjallsárlón, on a prit l'apéro devant les icebergs. Cet endroit est magique, bien plus que le Jökulsárlón dont tout le monde parle ; moins connu, plus sauvage, paisible, envoûtant... je pourrais y rester des heures à ne rien faire ; juste regarder, écouter le silence interrompu par les craquements du glacier, le bruit des icebergs qui fondent et se retournent brusquement...
8 juillet.
15 jours accompagnée, voyager à deux puis trois, puis deux à nouveau, un tour complet de l'Islande en 9 jours. Tellement de choses en si peu de temps, impossible de résumer. Ils sont passés si vite ces 10 petits jours avec Morgane, même pas deux semaines au milieu de mes trois mois, un bout de France en Islande, un chapitre trop court, et elle me manque déjà.
Où aller maintenant ? Encore 6 semaines 1/2, déjà la moitié du voyage...
19 juillet.
Landmannalaugar - Álftavatn : 24km avec quelques 16kg sur le dos, 7h de marche dans les montagnes, champs de neige et de lave, une rivière traversée à gué, des zones géothermiques, des montagnes aux couleurs incroyables, quelques chutes, un genou écorché, beaucoup de bleus...
Et puis on abandonne, pour plusieurs raisons on n'ira pas plus loin. Un bus sur les pistes caillouteuses, à travers des gués, au milieu de paysages désertiques. Et magnifiques. Il faudra que je revienne.
22 juillet.
En vadrouille avec un Belge depuis une semaine, en stop dans le sud. Un imprévu, il va devoir écourter son voyage. Il ne me reste plus qu'un mois en Islande, et je n'ai absolument aucune idée de comment je vais l'occuper. Un peu paumée. Mais en marchant ce matin je me rendais compte de tout ce qui s'est déjà passé, tous les gens rencontrés, ceux avec qui j'ai fait un bout de chemin... même si c'est encore un peu flou je réalise que finalement je m'en sors plutôt pas mal, voire même très bien, et le plus important c'est que je me sens plus vivante que jamais.
27 juillet.
Snæfellsnes à nouveau. Ytri-Tunga, endroit magnifique ; je voulais y voir des phoques, c'est fait... mais ça n'a plus aucun sens. Retour à Arnarstapi, impression de tourner en rond. Ça fait plus d'un mois que je n'avais pas voyagé seule, forcément c'est difficile. Je n'ai plus d'objectif pour avancer. J'ai bien envie de faire du stop avec un panneau "anywhere", et voir où ça m'emmène...
Décider d'arrêter de décider.
29 juillet.
Projet avorté. J'ai retrouvé un but, un bout de l'Islande où je n'ai pas encore été. Pancarte rangée, j'ai relevé le pouce et me suis fait conduire jusque Hvammstangi. Envie de faire le tour de la péninsule de Vatnsnes, connue pour ses colonies de phoques, et puis continuer vers l'est en suivant les petites routes du nord.
1er août.
Trois jours. Marcher sur la péninsule, au bord de l'eau, en levant le pouce aux rares voitures qui passent. S'arrêter dans une auberge, descendre sur une plage le soir et regarder les phoques qui m'observent dans l'eau ; tout est si calme... Se faire embarquer par une famille française sur la route du nord. Les quitter près de Sauðárkrókur, marcher un peu, les retrouver plus tard par hasard et remonter dans leur voiture. Rouler le long du Tröllaskagi, littéralement dans les nuages. Et finir par s'arrêter pour la nuit, un peu au hasard, à Dalvik. Rien ne s'est passé comme prévu et c'est parfait ; il y a ici des ferrys qui partent pour Grimsey, pas tous les jours mais c'est le cas le lendemain... il n'en faut pas plus pour me décider. Au petit matin j'embarque, sans trop savoir ce que je trouverais sur cette île traversée par le cercle polaire... et j'arrive sur le territoire des puffins. Ces oiseaux clowns, les macareux moines, je les cherche depuis le début du voyage... à Grimsey j'en découvre des milliers ! Des points noirs dans l'eau, des colonies éparpillées tout le long des falaises, je passe un temps fou à les photographier en faisant le tour de l'île. Heureuse.
2 août.
En stop vers Reykjavik pour aller retrouver les 6e et 7e travel buddies. C'est le moment parfait où je réalise avec bonheur tout ce qui s'est déjà passé dans ce voyage, et où il me reste encore du temps avant que ça ne soit fini. Bientôt je serais de retour à Nantes et ça me semble tellement irréel...
13 août.
Amazing crazy magic Iceland.
Un dernier tour de l'Islande, 10 jours en 4x4 avec un Singapourien, un Turc et un Allemand. Rouler sur les F roads, s'émerveiller plus que jamais de la beauté de ce pays, planter les tentes dans des endroits complètement déserts, avoir le souffle coupé en haut d'une colline de Lakagígar tellement l'endroit est impressionnant, magnifique, grandiose, indescriptible... se retrouver à court de mots devant un coucher de soleil sur le Fjallsárlón, s'asseoir et se contenter d'ouvrir les yeux et les oreilles.
La route du sud a un goût amer, je jette un dernier regard à tous ces endroits où je suis déjà venue plusieurs fois ces deux derniers mois, je sais maintenant que je n'y reviendrais plus. A l'est on décide de rouler jusqu'à ce qu'on en puisse plus ; les yeux à demi fermés je regarde le soleil disparaître, je dis au revoir aux fjords et je me sens bien, d'être simplement dans cette voiture qui traverse la nuit.
Au nord on quitte la route 1 et pendant 3h30 on traverse un paysage lunaire, un désert parsemé de blocs de lave, jusqu'au volcan Askja. Là il faut se couvrir, enfiler un bonnet, remonter le foulard sur le nez, mettre les lunettes de soleil avant d'enfin sortir et marcher vers Öskjuvatn, un cratère rempli par un lac. Affronter le vent, se faire bousculer, tourner le dos aux nuages de sable balayés par les rafales, avancer, se frotter les yeux, persévérer... arriver au cratère Víti ("enfer" en Islandais), s'émerveiller de la vue... prendre un moment, une pause, et puis on refait tout en sens inverse jusqu'à la route 1.
Voilà, tout est fait. Je suis allée (presque) partout, j'ai (presque) tout vu, tout ce qui me faisait rêver, tous ces endroits que je ne voulais pas rater. Et maintenant ?... y a plus qu'à profiter sans réfléchir. Continuer la route, prendre son temps, avoir des fou-rires, s'arrêter dans un camping isolé et finir la soirée à danser dans un bar avec des perruques sur la tête, refaire le golden circle, dormir à Geysir, et puis rentrer.
Reykjavik, une nuit de repos... demain on repart à Landmannalaugar.
23 août On a fait le Laugavegur, de Landmannalaugar à Þórsmörk, 54 km de trek en 3 jours. Je n'ai plus de mots pour décrire les paysages. (Magnifiques.) Retour à Reykjavik, chez notre hôte couchsurfing. Dans la rue je croise des gens que je connais, rencontrés au hasard du voyage ; je me sens chez moi ici.
Les 5 derniers jours s'étirent dans une langueur générale ; on est beaucoup à dormir ici, la plupart sur le départ. Les chemins se croisent, et je passe mon temps avec les deux mêmes personnes qui m'ont accompagnée ces trois dernières semaines. Il y a des au revoir tous les jours, hier c'était mon tour, et je n'ai jamais été aussi triste de dire goodbye.
1h du matin, dans l'avion, l'Islande a disparu de mon regard.
Un dernier tour de l'Islande, 10 jours en 4x4 avec un Singapourien, un Turc et un Allemand. Rouler sur les F roads, s'émerveiller plus que jamais de la beauté de ce pays, planter les tentes dans des endroits complètement déserts, avoir le souffle coupé en haut d'une colline de Lakagígar tellement l'endroit est impressionnant, magnifique, grandiose, indescriptible... se retrouver à court de mots devant un coucher de soleil sur le Fjallsárlón, s'asseoir et se contenter d'ouvrir les yeux et les oreilles.
La route du sud a un goût amer, je jette un dernier regard à tous ces endroits où je suis déjà venue plusieurs fois ces deux derniers mois, je sais maintenant que je n'y reviendrais plus. A l'est on décide de rouler jusqu'à ce qu'on en puisse plus ; les yeux à demi fermés je regarde le soleil disparaître, je dis au revoir aux fjords et je me sens bien, d'être simplement dans cette voiture qui traverse la nuit.
Au nord on quitte la route 1 et pendant 3h30 on traverse un paysage lunaire, un désert parsemé de blocs de lave, jusqu'au volcan Askja. Là il faut se couvrir, enfiler un bonnet, remonter le foulard sur le nez, mettre les lunettes de soleil avant d'enfin sortir et marcher vers Öskjuvatn, un cratère rempli par un lac. Affronter le vent, se faire bousculer, tourner le dos aux nuages de sable balayés par les rafales, avancer, se frotter les yeux, persévérer... arriver au cratère Víti ("enfer" en Islandais), s'émerveiller de la vue... prendre un moment, une pause, et puis on refait tout en sens inverse jusqu'à la route 1.
Voilà, tout est fait. Je suis allée (presque) partout, j'ai (presque) tout vu, tout ce qui me faisait rêver, tous ces endroits que je ne voulais pas rater. Et maintenant ?... y a plus qu'à profiter sans réfléchir. Continuer la route, prendre son temps, avoir des fou-rires, s'arrêter dans un camping isolé et finir la soirée à danser dans un bar avec des perruques sur la tête, refaire le golden circle, dormir à Geysir, et puis rentrer.
Reykjavik, une nuit de repos... demain on repart à Landmannalaugar.
23 août On a fait le Laugavegur, de Landmannalaugar à Þórsmörk, 54 km de trek en 3 jours. Je n'ai plus de mots pour décrire les paysages. (Magnifiques.) Retour à Reykjavik, chez notre hôte couchsurfing. Dans la rue je croise des gens que je connais, rencontrés au hasard du voyage ; je me sens chez moi ici.
Les 5 derniers jours s'étirent dans une langueur générale ; on est beaucoup à dormir ici, la plupart sur le départ. Les chemins se croisent, et je passe mon temps avec les deux mêmes personnes qui m'ont accompagnée ces trois dernières semaines. Il y a des au revoir tous les jours, hier c'était mon tour, et je n'ai jamais été aussi triste de dire goodbye.
1h du matin, dans l'avion, l'Islande a disparu de mon regard.
[...]
5 commentaires:
Ça m'a fait rêver tout ça. Merci pour tes récits, ça confirme mes envies.
Tes photos sont vraiment magnifique !
Merci ! Et de rien, contente que ça fasse envie :)
Merci pour ton carnet de voyage ! Magnifiques photos ! J'y vais fin août et j'ai une question au sujet du Landmannalaugar. La première fois que tu l'as tenté, tu t'es arrêtée à Alftavatn. C'est ce que j'aimerais faire. Sais-tu s'il y a des bus qui remontent au camping de Landmannalaugar ? Car il faudrait récupérer la voiture... :D Merci !!
Super sympas ton voyage! Même si c'est vrai qu'en stop ça doit bien galérer quand même... le Fjallsárlón va falloir que je visite ça! Il se situe ou?
A+
Le Fjallsárlón est quelques kilomètres à l'est du Jokulsárlón, au bout d'une petite route qui part de la 1 !
Enregistrer un commentaire