16 juin.
Ça y est, le mouvement a repris. Tramway - covoiturage - rer - pieds... une pause à l'aéroport, Morgane m'y retrouve, on est en avance, on patiente. L'avion tarde à arriver. On regarde l'heure tourner, l'écran d'information n'explique rien, je vois l'énervement chez les autres passagers. Rien à y faire. Et puis rien de grave ; on fini par embarquer, les sièges se remplissent et, avec une heure de retard, on décolle. Il est presque 22h.
17 juin.
On a passé la nuit en couchsurfing à Uppsala, accueillies par un grand sourire malgré l'heure tardive. Au réveil, devant une tasse de café, on sort les cartes pour dessiner un début d'itinéraire sous les conseils de notre hôte. Notre premier objectif est aussi simple que vague : aller dans la région de Dalarna (ou Dalécarlie), réputée pour être la plus traditionnelle de Suède. On hésite juste sur la route à prendre pour lever le pouce : la grande avec beaucoup de passage mais qui part au nord, ou la petite qui nous lance dans la bonne direction mais où les voitures seront moins nombreuses...
C'est évident, en fait....
Ce sera la petite route.
(Bien plus incertain, beaucoup plus drôle.)
On pose les sacs juste avant un arrêt de bus, prêtes à attendre...
10 minutes, à peine, et la première voiture s'arrête.
C'est parti !
Quelques kilomètres plus loin, il nous faut lever le pouce à nouveau. Et patienter. Les minutes passent, les voitures défilent. On change d'endroit, de spot, on fait une pause déjeuner et puis on recommence. Une allemande s'arrête, elle va justement en Dalarna ! Coup de chance inattendu. Surprises, on est bien incapables de lui dire où on veut s'arrêter, on n'avait pas prévu d'aller si vite... Un coup d'oeil sur la carte et on choisit un village, vaguement repéré avant le voyage.
On arrive à Säter en fin de journée, sans trop savoir où aller... L'air déboussolé doit être visible : on entend rapidement "can I help you ?" et on fait un bout de chemin avec une dame pleine de bons conseils qui, en quelques minutes, nous a indiqué où aller se promener, où passer la nuit, et où se diriger demain.
Après quelques heures de marche au bord d'un lac, on trouve une clairière idéale pour planter la tente, au milieu des arbres et des moustiques. La première nuit de camping sauvage est célébrée de façon très française : avec une bouteille de vin rouge...
18 juin.
Il faut finir le tour du lac pour aller voir un ravin de l'autre côté du village, ça prend plus de temps que prévu... On marche des heures au bord de la route, quand l'eau vient à manquer on s'arrête au bord d'une rivière, je bois trop vite et mon estomac s'en plaint, on traverse un golf pour éviter un détour énorme, et puis on trouve une voiture pour les derniers kilomètres.
En traversant la "grande route", on arrive à Säterdalen (ou Sätervägen ? difficile de s'y retrouver dans les différents noms, impossible de trouver des informations précises en français), une réserve naturelle constituée de plusieurs ravins. On s'y perd, on marche presque au hasard et puis on tombe sur un étang ensoleillé qui nous donne envie de rester beaucoup plus longtemps dans le parc. Mais il faut bien faire des choix, on n'a que 12 jours et plein d'endroits à voir, alors on reprend la route...
Le couchsurfer d'Uppsala nous a dit qu'on pourrait passer une nuit chez une de ses amies à Falun. Comme c'était sur notre route, on s'est dit qu'on s'y arrêterait. Le stop a bien fonctionné, on est arrivées tôt dans la ville sous un soleil magnifique, et on a pris notre temps. Erreur... Quand finalement on a voulu appeler notre contact, en fin de journée, son téléphone était éteint. Il a fallu trouver très vite une autre solution pour la nuit, on a été voir le camping et on a trouvé, quelques mètres plus loin, un parc parfait pour planter la tente.
19 juin.
De retour au centre ville après avoir profité (discrètement) des douches du camping, on décide de prendre un bus pour donner un peu de répit à nos pouces. Je demande au chauffeur si on peut mettre nos sacs dans les soutes, il conteste dans un anglais approximatif et fait signe qu'on aille s’asseoir. Les autres passagers montent, payent leur trajet avant de trouver un siège, le bus démarre et on n'a pas sorti le porte-monnaie. Aujourd'hui encore on n'a pas compris pourquoi le trajet a été gratuit... mais est-ce que la raison a une quelconque importance ?
19 juin.
De retour au centre ville après avoir profité (discrètement) des douches du camping, on décide de prendre un bus pour donner un peu de répit à nos pouces. Je demande au chauffeur si on peut mettre nos sacs dans les soutes, il conteste dans un anglais approximatif et fait signe qu'on aille s’asseoir. Les autres passagers montent, payent leur trajet avant de trouver un siège, le bus démarre et on n'a pas sorti le porte-monnaie. Aujourd'hui encore on n'a pas compris pourquoi le trajet a été gratuit... mais est-ce que la raison a une quelconque importance ?
À Rättvik les éclaircies se succèdent dans un ciel chargé, instable...
Le temps de déjeuner, ça passe.
Encore un peu de répit pour quelques photos...
Et quand on rentre dans l'office de tourisme, l'averse éclate.
Le ciel lourd donne une lumière particulière (tellement plus belle qu'un grand ciel bleu !), et quand la pluie s'arrête le moment est parfait pour s'avancer sur le fameux ponton en bois le plus long de Suède. On admire la perspective en parcourant les 628 mètres jusqu'au bout, le soleil réapparait et nous réchauffe, on en profite pour enlever quelques couches de vêtements et prendre le temps de contempler le panorama sur le lac Siljan.
20 juin.
Les averses n'ont cessé de se succéder, entrecoupées d'éclaircies trop furtives. On a fini par planter la tente, hier, sur une aire de repos au bord de la route ; au moins il y avait des toilettes et des tables vaguement abritées...
Au réveil le soleil est bien plus présent ; on n'essaie même pas de faire du stop pour les 5 ou 6 kilomètres qui nous séparent de Tällberg, la marche au bord de la route est agréable. Plus on approche du village, plus on sent une ambiance particulière... les gens cueillent des fleurs dans les champs, certains portent des tenues traditionnelles, quelques uns s'affairent dans les jardins à recouvrir des arches de feuillage ou fabriquer des couronnes florales, tous sourient... On est en plein midsommar, et ça se voit ! Les Suédois célèbrent le solstice d'été pendant plusieurs jours (certains nous ont parlé de deux semaines...), mais le principal des festivités a lieu le vendredi avec la levée d'un mât recouvert de feuilles et de fleurs qui, on l'apprendra plus tard, est un symbole de fertilité et de fécondation.
(Pour plus de détails sur cette fête, je recommande vivement l'article de Léon.)
Tällberg est l'endroit parfait pour découvrir une partie du folklore Suédois. Le village regroupe tous les clichés qu'on peut avoir sur le pays : maisons en bois, peinture rouge, jardins fleuris, nature omniprésente... Ça attire les touristes, et tous les hôtels ont leur propre mât (levé à des heures différentes pour que tout le monde puisse y assister). Après un coup d'oeil sur le programme des festivités, on va voir une première levée. On observe, intriguées et amusées, sur le moment on a du mal à comprendre le sens de toute cette agitation...
Et puis on s'éloigne un peu, on part suivre un sentier qui s'enfonce et grimpe dans la forêt...
Après avoir marché quelques heures et assisté à la levée du mât du village, on monte dans un bus et le chauffeur nous dit "you don't pay, it's free for everyone today !"... On descend à Leksand, ville conseillée par tous les Suédois qu'on a croisés pour y passer la soirée de midsommar. Il suffit de suivre la foule pour savoir où aller, on arrive dans un parc où des centaines (milliers ?) de personnes sont assises autour du mât le plus grand de Suède, pour le moment encore couché. La levée prend du temps et se fait en plusieurs fois, sous les encouragements des spectateurs. Je me sens un peu en décalage ici, témoin d'une tradition qui n'est pas la mienne ; mais l'ambiance est si festive, si joyeuse, qu'on ne peut que participer aux "hoooooo he !" qui accompagnent chaque étape de l'élévation du mât.
On aurait dû prévoir un endroit où dormir. À 22h30 on part à la recherche d'un bout d'herbe pour planter la tente ; un coup d'oeil sur un plan de la ville pour se diriger vers un parc et suivre un sentier, à presque minuit on s'endort dans un champs.
21 juin.
Le stop reprend sous un ciel instable.
Après seulement deux voitures, peu d'attente, et le détour d'une conductrice qui s'est rajouté quelques kilomètres pour nous emmener à destination, nous voilà au camping de Sölleron. Pour une fois on décide de payer un emplacement, on pose les sacs, on souffle un peu ; et on part se promener sur l'île délestées des 16kg portés quotidiennement.
Un sentier part du camping et longe la côté, au milieu des arbres. Le bruit des voitures a disparu, on ne croise personne pendant une bonne heure, la forêt est belle et nous coupe du vent, le soleil joue avec les nuages...
On s'y sent bien, sur cette île !
Et on réalise à quel point on a toutes les deux envie (besoin ?) de randonner, de s'isoler quelques jours en pleine nature.
22 juin.
Un seul objectif aujourd'hui : lever le pouce, et avancer le plus possible sur les quelque 400 kilomètres à parcourir jusqu'au parc national de Skuleskogen.
De Sölleron à Mora, facile.
Mais en plein milieu de la ville, au bord de la grande route, on perd patience. Alors on marche, plus d'une heure, pour sortir du centre. Le ciel est toujours aussi instable, ça éclate parfois, les averses durent quelques minutes et le soleil revient. On est ravies quand on trouve un arrêt de bus : les voitures ont la place de s'arrêter, et on peut s'abriter sous l'aubette quand il pleut.
À la sortie de Mora, on a à peine le temps de sentir les premières gouttes tomber avant que deux Suédois ne s'arrêtent pour nous emmener plus loin. Il arrive souvent que les gens fassent des détours pour nous déposer à des endroits qui nous arrangent... cette fois c'est l'inverse : notre conducteur doit déposer son amie chez elle avant de continuer sa route, on les suit, ils nous font découvrir un endroit magnifique au bord d'un lac, on prend le temps de discuter, on profite de l'éclaircie...
Et puis on repart.
Les pouces se lèvent à nouveau.
Les voitures défilent.
Les averses et les éclaircies se succèdent.
À 18h on est au bord d'une petite route, dans un village minuscule. La circulation est de plus en plus clairsemée, on se dit qu'on pourrait aussi bien marcher sur le bas-côté et essayer de trouver un endroit où planter la tente, à défaut de quelqu'un pour nous emmener plus loin... On longe une route où les rares voitures filent à 80km/h, sans aucun espace pour qu'elles s'arrêtent ; l'optimisme est difficile à garder mais la bonne humeur reste alors qu'on continue de lever le pouce. Ça finit par payer après 1h30 de marche, alors qu'on n'y croyait vraiment plus. Et on n'aurait pas pu mieux tomber : notre conducteur providentiel fait un trajet de plus de 600km pour aller travailler et se rend exactement où on voulait aller... Après trois heures de route il nous dépose à Sundsvall, sur une colline, dans un parc ; il n'y à qu'à traverser la route pour planter la tente. On dit "thanks a lot" et "tack", on se répète, et puis il s'en va, nous laissant encore abasourdies d'être arrivées si vite ici.
Lever le pouce est peu courant, tous les Suédois rencontrés nous ont confirmés ne voir que très rarement des voyageurs au bord de la route ; mais ils s'arrêtent d'autant plus volontiers quand ils en trouvent un ! On n'a jamais attendu plus d'une heure (ou bien on changeait de spot), on a rencontré presque uniquement des locaux, on a reçu plus de klaxons d'encouragement que de signes contraires...
J'avais entendu dire partout que l'auto-stop est difficile en Suède.
Pour nous, ça n'a pas été le cas !
[À suivre...]
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